À peine sorti d’un confinement aussi subi qu’inattendu, on est encore loin de pouvoir mesurer toutes les incidences d’une telle épreuve. Il en est une, cependant, qui a tôt fait de se révéler : cet impérieux besoin d’air et d’espace qui modifie profondément les critères de recherche immobilière !
Force est d’admettre que durant ces deux mois “d’enfermement” contraint, les Français n’ont pas tous été logés à la même enseigne ! Entre un appartement étriqué, sans ouverture ni lumière, qui est vite devenu un enfer pour y faire cohabiter conjoint, enfants et travail, et une maison spacieuse ouvrant sur un extérieur calme et verdoyant où l’on pouvait s’y prélasser sans autorisation ni limitation de temps… le vécu ne fût évidemment pas le même...
Un avant et un après
Autant dire qu’en termes d’aspirations et de critères de choix pour le logement, il y a bien un “avant” et un “après” confinement, comme le constate la très grande majorité des professionnels de l’immobilier partout en France, la Côte d’Azur n’échappant pas au phénomène. Selon les premières estimations, si plus de la moitié des clients qui avait un projet immobilier avant la crise du Covid-19, le maintient à la sortie du confinement, près d’un tiers a toutefois modifié ses priorités en les reportant sur les balcons, les terrasses ou les jardins. Cette tendance s’observe surtout auprès d’acquéreurs citadins ayant particulièrement souffert de l’exiguïté de leur logement et de cette sensation d’enfermement vécue pour certains comme un réel traumatisme. Auparavant, disposer d’un espace extérieur était un “bonus”, aujourd’hui cela devient un facteur déterminant.
Nouvelles donnes
Ces nouvelles donnes ne sont pas sans répercussion à différents niveaux du marché immobilier. Tout d’abord sur la mobilité des acquéreurs qui seraient plus tentés de délaisser les “hyper centres” aux habitations denses et concentrées, pour prendre un peu de distance géographique plus prometteuse d’espace, de calme et de qualité environnementale. La proximité du lieu de travail, des transports en commun ou les commerces deviennent pour eux des critères secondaires, surtout si le télétravail peut constituer une perspective d’avenir professionnel.
Ensuite sur la valeur des biens à la vente qui, à l’évidence, vont bénéficier de la loi de l’offre et de la demande. Or, avec un arrêt quasi-total de l’activité des agences durant les deux mois et demi de confinement, ces dernières n’ont pas forcément un volume de biens suffisamment fourni pour satisfaire cet engouement soudain pour les produits offrant ces atouts extérieurs.
L’influence du télétravail aussi
Cette crise sanitaire a généré également une autre révolution sociale : le développement du télétravail. Une solution alternative qui fût une réelle aubaine pour certains, une vraie calamité pour d’autres. Là encore, la différence repose sur la notion d’espace dédié qui devient également un critère majeur pour les acquéreurs “post-confinement”. Ainsi, la pièce aménageable en bureau est de plus en plus demandée aux agents immobiliers. À tel point que certains spécialistes parlent de l’effet “une chambre pour une voiture”. En clair, le budget d’un couple initialement imparti pour aller au travail en voiture (achat d’un second véhicule, essence, assurance, entretien…) pourrait être réinvesti dans une pièce supplémentaire pour privilégier le travail à domicile.
Portés par de nouvelles aspirations, les futurs acquéreurs n’ont pas abandonné leurs rêves, mais le conjuguent aujourd’hui avec une notion d’espace de vie beaucoup plus essentielle. De nouvelles priorités qui, en termes de budget, pourraient conduire à un autre dilemme : entre bureau et extérieur, certains seront sans doute confrontés à un choix cornélien…
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