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L'habitat est surprenant

Temps et nouvelles technologies : Le paradoxe de la modernité raconté par une maman

Comme à la Maison Demain c'est quoi l'immobilier Mode de vendeur ##

Des appareils digitaux à la domotique, la high Tech a envahi notre maison, modifiant définitivement notre rapport au temps. Plus de confort, plus de simplicité et surtout plus de temps libre ! Et pourtant. La dictature de l’horloge cadençait plus que jamais notre quotidien. Un jour, nous avons décidé de reprendre la main.

Robot aspirateur, réfrigérateur intelligent, appareils programmables, enceinte nomade, assistance vocale… Nous avons choisi de faire entrer la domotique dans notre maison en même temps que nous sommes devenus parents. Pour nous simplifier la vie et passer plus de temps avec les enfants. Nous disposons aussi de la parfaite panoplie (TV, smartphone, tablettes, ordinateurs…) de la famille moderne active. Et la liste des équipements ne cesse de s’allonger à mesure que sortent les dernières nouveautés.

Il est 7h. Mon alarme sonne. Comme chaque jour, la journée commence et se termine dans le stress et le conflit. Angoissée, effrayée, impuissante et fatiguée d’avance de devoir toujours me battre pour limiter le temps d’écran de mes enfants. Médusée de voir que mon fils de 10 ans se lève impunément de table pour terminer sa partir de Fortnite pendant que le petit dernier pique mon téléphone et file en cachette regarder, en boucle, la même vidéo de Swan et Néo. Scène de vie somme toute ordinaire pour un foyer français dont le nombre d’objets connectés ne cesse d’augmenter.

Effrayés par leur addiction. Inquiets de l’impact sur leur santé et leur avenir nous repensons, avec nostalgie et culpabilité, à la première fois où nous nous sommes extasiés alors qu’ils maniaient des smartphones mieux que certains adultes. Intuitive, dans l’air du temps, limite surdouée, la génération Z n’avaient pas fini de nous surprendre, pensait-on alors… Et à nous d’emboiter le pas. Ce que nous avons fait avec beaucoup d’application.

Le Résultat ?

4h49. C’est le temps que j’ai passé sur mon smartphone ce jeudi 5 septembre. C’est aussi le temps qu’il me manque pour faire du sport, cuisiner, jouer avec mes enfants, finir mon livre, aller chez le coiffeur, passer un coup de file à ma mère et me faire les ongles des pieds. 4h49, c’est beaucoup. C’est plus que la moyenne des Français qui y passe déjà 1h42, selon une récente étude. Certes, je fais tout avec mon smartphone. Je me réveille, je consulte mes comptes, je vais sur les réseaux sociaux, je travaille, je réponds à mes mails et, à l’occasion, je téléphone ! Mais tout de même Comment moi, fervente défenseuse du respect du temps d’écran auprès de mes enfants avais-je pu, en une seule semaine, passer presque autant de temps sur mon portable (33h59) qu’au travail ? Comment avais-je pu investir dans un aspirateur autonomes pour gagner du temps et le perdre de cette façon ? Comment pouvais-je sensibiliser mes enfants aux dangers des écrans si moi-même je ne montrais pas l’exemple ?

Il était temps de dire stop à cette tyrannie de la vitesse que les nouvelles technologies avaient fait entrer chez nous comme un cheval de Troie.

Car si j’étais de celle qui grogne contre la dictature de l’horloge, finalement, je ne détestait pas tant que ça courir du matin au soir. Dans mon esprit de trentenaire hyper active boostée à l’adrénaline, modernité et rapidité tendait à se confondre. La vitesse étaient inscrite en moi comme une logique de progrès. J’avais tout faux. Cette hyperconnexion me rendait finalement contre-productive et m’évitait surtout de m’interroger sur des valeurs plus profondes.

Déconnecter pour se reconnecter

En exploratrice des possibles, je me suis alors lancé un défi : Reprendre le pouvoir sur ses technologies qui avaient envahi mon foyer. Trois pistes s’offraient à moi. La première, radicale et pourtant plébiscitée par mon mari : Jeter par la fenêtre tout objet connecté et partir élever des chèvres dans le Larzac. La seconde : Entamer, sans trop de conviction, une Digital Detox d’un mois sans écran pour finalement laisser le quotidien reprendre le dessus. Et la troisième, pour laquelle nous avons opté : Dompter cette technologie qui nous asservissait. Comment ? En redevenant maître de notre temps, en nous recentrant sur ce qui faisait sens, en nous éduquant ensemble aux nouvelles technologies et en nous sensibilisant à des voies alternatives.

Objectif 1 : reprendre le contrôle

Si notre monde doit être hyper connecté, et il l’est, autant bien en maîtriser les codes. C’est pour cette raison — et aussi pour gérer sa frustration — que j’ai proposé à mon fils de 10 ans de prendre des cours de programmation et de codage pour enfant. Une façon ludique d’apprendre, ensemble, à maîtriser un minimum cet univers, obscur pour le commun des mortels.

Quant à moi, pour rester maître de mes usages, j’ai décidé de m’imposer un couvre feu numérique : ne plus consulter mon téléphone passé 21h. Un petit défi pas si simple à relever. Pour vous y aider, le groupe français Baracoda a imaginé Séraphin, un objet aux allures de livre de chevet. Le principe ? Déposer son smartphone dans le coffre avant de dormir. Les notifications sont désactivées, le téléphone se recharge, et une application permet d'afficher l'heure sur l'écran de l'iPhone, sans avoir à le prendre en main. Le doudou numérique des grandes personnes est rangé jusqu'au lendemain. Au réveil, Séraphin vous donnera des statistiques sur la qualité de votre sommeil, mais aussi vous indiquera combien de fois vous avez « craqué », en ouvrant la boîte pour consulter votre téléphone.

Objectif 2 : en quête de bien-être numérique

Utiliser une application pour gérer son temps d’utilisation des écrans… Une idée qui pourrait sembler contradictoire. Et pourtant. En réponse à l’hyperconnectivité, les géants de la high tech ont mis au point des solutions de bien-être numérique. Google a introduit de nouvelles fonctionnalités sur Android Pie, qui permettent aux utilisateurs du système d’exploitation mobile de contrôler leur temps d’écran.  D’autres sociétés, comme Facebook et Apple ont fait de même. L’idée ? Éviter l’addiction et entretenir des rapports plus sains au digital en proposant une analyse du temps passé sur chaque application, et, le cas échéant inciter à des restrictions d’utilisation.

A tester aussi, L’appli Moment (“Less Phone, More real Life") qui propose des défis comme poser son téléphone pendant une heure. Elle a déjà plus de 7 millions d'utilisateurs.

Objectif 3 : se jeter à « Low »

Au-delà d’un simple effet de mode, nous nous sommes intéressés au Low Tech. En quête d’une technologie plus zen, les adeptes de ce mouvement ont choisi de se recentrer sur ce qui fait sens, de revenir à des fonctionnalités plus essentielles, responsables et respectueuses de l’homme et de l’environnement, à l’image des fours ou chauffe-eaux solaires, des douches à recyclage d’eau… Inspirés par cette tendance, nous avons stoppé nos délires futuristes pour réattribuer une fonction précise à chaque objet.

Désormais, nous utilisons un réveil pour nous lever, et consultons notre montre pour savoir l’heure. Chaque soir, nous mettons tous les écrans dans un coffre, en mode avion et avons défini un calendrier de temps d’écran avec une soirée par semaine consacrée aux jeux de société. Des astuces toutes simples qui nous ont déjà permis de diminuer notre temps d’écran de plus d’une heure par jour.

Un sommeil plus profond, une meilleure concentration, moins de disputes, moins de crises, et moins d’énergie physique mais aussi électrique, dépensées…Une semaine après notre prise de conscience, les bénéfices sont là. Et vous, prêts à relever le défi ?