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L'habitat est surprenant

De la culture du jetable au consommable durable : Comment j’ai réduit le plastique dans ma maison

Comme à la Maison ##

Taillée pour la société de consommation, biberonnée à la publicité et aux produits jetables, j’ai commencé ma transition écologique personnelle il y a six mois. Sans aucun militantisme et avec pragmatisme.

Comme toute la génération née dans les années 80, j’ai vécu la société de consommation de plein fouet. Je suis d’une lignée sans conscience écologique, d’une famille plutôt modeste où l’achat de consommables fait partie de l’ascenseur social. Les supermarchés qui dégueulent de produits suremballés, les poubelles pleines à craquer de déchets mélangés, les mégots balancés sans vergogne dans la rue, le tout encouragé par des industriels qui n’ont cessé de remplacer des produits durables par du jetable. Notez que je n’étais pas spécialement plus pollueur que les autres: en utilisant 3 tonnes de coton pour me démaquiller et en achetant des gaufres industrielles emballées individuellement en plus de l’emballage final, j’étais pile poil dans la norme.

Le premier choc pétrolier de 1973 avait commencé à soulever des questions environnementales fondamentales… mais l’écologie aura mis au moins 20 ans de plus pour se faire une place dans le quotidien des Français. Dans mon quotidien. Le développement du tri sélectif a été un grand pas. Dans tous les sens du terme: je me souviens des premières colonnes de collecte sélective qui ont été mises en place dans ma commune, au milieu des années 2000. La plus proche était à 2km de chez moi, je l’ai donc superbement ignorée pendant quelques années: si les pouvoirs publics voulaient tant intéresser les gens au tri sélectif, ils n’avaient qu’à rendre ça plus pratique.

Tri et conscience écologique sélective 

Les containers de tri sont finalement arrivés directement dans ma résidence. Je n’avais plus vraiment d’excuse. J’ai donc passé les dix années suivantes à trier mes déchets, d’abord de façon aléatoire, avec une conscience elle aussi sélective au début: disons qu’une bouteille triée sur deux suffisait à m’auto-persuader que je m’étais transformée en quasi-militante de Greenpeace. Puis avec assiduité et une organisation très étudiée, jusqu’à la fabrication d’une poubelle de tri artisanale de grande contenance planquée sous mon escalier. Pendant cette décennie, j’ai scrupuleusement séparé mes déchets en plastique, carton et verre sous l’œil médusé de mon voisin octogénaire pour qui le tri sélectif était une “invention du gouvernement pour nous faire payer plus d’impôts”.

53 kg de plastique par habitant

En fin d’année dernière, en triant comme d’habitude mes déchets, j’ai finalement -mieux vaut tard que jamais!- pris conscience du nombre incalculable de bouteilles en plastique que je m’apprêtais à jeter. Shampoing, gel douche, tubes de crème, bidons de lessive, produits ménagers, bouteilles de lait, d’huile… Des sacs remplis! Je me suis posée une question toute bête: pourquoi trier autant si je peux réduire ma consommation d’emballages? 

En plus, je suis tombée sur cet article mentionnant le rapport de WWF citant le nombre de 53 kg de plastique par habitant, en me disant que je devais moi-même battre un triste record personnel. 

J’ai donc décidé de faire plus attention, en commençant par réduire ma consommation de plastique. En même temps, pour une presque quadra dont l’engagement écologique se limitait au tri, je ne savais pas par où commencer. Surtout, je n’avais pas envie de trop me compliquer la vie. Quand on gère un boulot, un (ou des) gosse(s), les courses, le ménage...on cherche aussi à économiser son temps! Petit à petit, j’ai fabriqué ma lessive, je me suis remise au savon, j’ai acheté des produits en vrac… et j’ai divisé ma consommation de plastique par deux!

Fabriquer sa lessive

Un soir, en allant dîner chez une amie, la marmite qui bouillait ne sentait pas le ragoût… mais le savon de Marseille! J’ai alors découvert que faire sa propre lessive ne prenait pas plus de temps que de préparer une soupe: quelques litres d’eau à faire bouillir, des copeaux de savon, un peu de bicarbonate et de cristaux de soude et le tour est joué! Avec un peu d’huiles essentielles pour parfumer, c’est parfait. J’utilise le même bidon en plastique de 5 litres depuis plus de six mois. Vous trouverez un exemple de recette ici.Pour le liquide vaisselle, les ingrédients sont les mêmes, avec une pointe de vinaigre d’alcool et de savon noir en plus. Internet regorge de recettes, celle-ci n’est pas mal. 

Le savon est mon meilleur ami

Une bouteille de 250 ml de gel douche tous les 8-10 jours: c’est à peu près ce que ma famille de trois personnes consommait. J’ai arrêté de guetter les promos de pack de gel douche et j’ai acheté à la place un savon d’Alep de 200 g. Je l’ai depuis deux mois et je commence à peine à en voir le bout! J’ai découvert aussi, il y a peu, l’existence du shampoing solide. Très sceptique au départ, notamment sur la capacité “mousseuse” de la chose, je me suis laissée convaincre par une collègue à la chevelure flamboyante qui ne jurait plus que par ça. Me voilà donc désormais adepte du shampoing solide. En un mois d’utilisation, le volume du savon a à peine diminué: à ce rythme, le prochain savon-shampoing que j’achèterai ne sera pas avant Noël! Ma seule déception, à ce stade, est l’après-shampoing solide que j’ai testé: impossible de démêler une tignasse de 30 cm de long avec ça, j’ai dû me résigner (pour l’instant) à continuer à utiliser un après-shampoing bourré de collagène.  

Les aliments en vrac

Jusqu’ici, je ne m’étais pas vraiment préoccupée des madeleines emballées individuellement que j’achetais pour le goûter de mon fils. Mais quand j’ai passé deux semaines cet été à ramasser dans son sac à pique-nique, préparé pour le centre aéré, quatre ou cinq emballages plastique de madeleine par jour, ça m’a sauté aux yeux. En retournant faire les courses, j’ai fait attention à acheter des goûters avec moins d’emballage. Et surtout, je me suis mise à choisir des aliments en vrac. D’abord des fruits secs, puis des céréales, et maintenant du jus de fruit: encore du plastique en moins à trier! De plus en plus d’hypermarchés, surfant sur la tendance du bio et de l’anti-gaspi, ont d’ailleurs développé des rayons avec des produits en vrac.

Voilà comment, en six mois, sans me compliquer la vie et en faisant des économies, j’ai réduit ma consommation de plastique. Prochaine étape: tester la fabrication de crèmes. J’ai déjà arrêté d’acheter des lingettes démaquillantes jetables et du coton, pour les remplacer par des disques en tissu lavables. Je suis encore loin de l’objectif “zéro déchet” dans ma maison, mais quel progrès!